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Regard de Pluche

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« La première fois que j’ai posé mon nez de clown, j’ai senti qu’il prenait tout l’espace de mon visage.

La première fois que j’ai ouvert mes yeux, en clown, mon cœur a rempli ma poitrine comme une montgolfière… Vers où allait elle m’emmener ? Et des larmes ont perlé…séché, débordé, humidifié ma terre.

La première fois que le blanc a souligné mes yeux, ma bouche et que le rouge aux joues, j’ai découvert ce clown en moi, je n’ai pas ri, mais interpellée, j’ai souri. J’ai souri et le blanc de mes lèvres a tremblé : tremblement d’émotion, au bord des larmes et inondée d’une joie débordante.

Cette joie me montait du plus profond de mes racines et je l’ai sentie monter tout le long de mes jambes telle une caresse tendre et puissante.

Je l’ai sentie me remplir le ventre comme une gestation,

une plénitude sur le point de se révéler.

Je l’ai suivie cette joie là, dans mon corps, au bord de mon cœur, hésitante et déterminée à la fois. Sensation de Vie.

La première fois que j’ai poussé la porte du service de pédiatrie, je l’ai vue… perdue, hésitante, humide de peur, cette petite fille mutique, entre l’enfance et la femme et je suis restée muette, absorbée par ses yeux, disponible à son monde.

La première fois que j’ai poussé la porte du service d’oncologie, il y a eu cette femme, semblant sombre et perdue,

qui a rempli tout l’espace d’un sourire édenté à la vue de nos nez !

La première fois que j’ai poussé la porte des soins palliatifs, j’ai été reçue par un visage vivant, ouvert, présent, remplissant, inoubliable, plus vivant que ce corps amaigri et fragile, aux portes de l’éternité.

Et, aujourd’hui, je suis profondément touchée par l’accueil des soignants disponibles malgré le surplus de travail ; je suis touchée par ce qui nous lie,

entre nous, les clowns relationnels.

J’aime nos regards complices qui accueillent, soutiennent, apaisent.

J’aime le temps qui se prend pour apprivoiser l’Autre.

J’aime le rire, les larmes, les silences, l’émotion,

la Vie rencontrés au fil de ces rencontres »

Regard de Samana

Comme un retour à la maison …

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Voilà ce qu’est à chaque fois cette mise en nez.

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Comme un retour à la maison, contacter un lieu où tout est possible, ouvert, sans jugement, disponible à soi et à l’environnement, sans crainte, en toute simplicité, en toute « et vie danse » et dense…

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Puis entrer dans la danse, jouer avec ce qui advient, les émotions qui débordent en couleur plutôt qu’en douleur.

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Je suis dans la gratitude de cet instant où « l’âme agit », va interagir avec l’autre.

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Depuis toujours le nez me chatouille, mais quelle merveille quand il y a plus de 10 ans, il  m’a été permis d’à terre rire enfin et d’être vue réellement !

Mille merci à la Vie, à Béa, à Pascal, à Marie, à Céline, à Moi d’avoir programmé et saisi l’occas’ !

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C’est le cœur en joie, riche de toutes ces expériences qu’aujourd’hui j’accompagne en chaussant mon nez, le clown relationnel à la rencontre d’histoires d’autres.

Espace d’accueil, vêtue de nous, marchant et respirant ensemble, nous construisons instant par instant des perles d’histoires précieuses, à la fois fragiles et puissantes.

Ce tissus de nous, ce nous d’humanité et de beauté, je sème et je récolte des graines de lumières avec les soignant(es), les invités des chambres en oncologie, en pédiatrie, en soins palliatifs.

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Nous sommes immenses, nous sommes des grains de beauté, des grains de nez qui soulignent l’éternité.

Je suis Samana, souffle du poumon entre la première inspiration et la dernière expiration… une vie !

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Quelle expérience d’être pleinement présente, ancrée, soutenue par Lila, Pluche, Lili ou Miette, complice, en connexion, respiration commune, langage différencié, expressions multiples mais toujours justes, toujours traversées par un je ne sais qui, ou quoi.

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Je suis à chaque fois bluffée par la rencontre de ces Wonder women et super héros du quotidien que sont les soignant(e)s qui tiennent dans l’adversité. Partage de vérité et d’instants intenses avec les infirmières de soins palliatifs, aperçu d’une sensibilité tatouée sur l’avant bras d’une soignante d’oncologie, fragilité et détermination du personnel de pédiatrie.

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Merci, Merci, Merci

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Regard de Lila

« Je « chausse » mon nez,

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Tadaboum, tadaboum fait la mélodie de mon cœur,

J’habite mes pieds qui dansent,

J’habite mes fesses qui donnent la cadence,

j’habite mes bras, mes mains qui accueillent la symphonie du grand Bazar de ce Monde,

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Tadaboum, tadaboum

j’ouvre les yeux… oh merveille ! Tout est là, tout est nouveau !

j’ouvre les oreilles… et oh ! Tout est là… mon souffle, les bruissements du lieu, le souffle du couloir

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Je suis prête !

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Prête pour de nouvelles rencontres avec tous mes sens en éveil, avec mon cœur grand ouvert et mes pieds bien ancrés, avec mes couleurs et mon intérieur qui pétille. Avec Lili, Pluche ou Samana, mes partenaires de je(u), j’évolue en confiance et harmonie.

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La porte s’ouvre, un pas puis deux, un regard échangé et nous voilà !

A partir de maintenant, et à chaque instant, chaque respiration, je suis là, à l’écoute de mon moi-même, de ma partenaire et de chacune des personnes dont je vais croiser le regard.

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TOC TOC ? Oui !

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C’est la clé, le oui.

Ce oui qui me permet d’entrer dans un intime fragile, abimé, malmené, parfois douloureux, parfois tout tout plein d’émotions bloquées ou débordantes, secrètes ou dévoilées.

Ce grand oui en moi qui me permet d’oser écouter d’une autre manière, d’oser voir la Vie là où elle est et la célébrer dans le tout petit, dans le farfelu, dans le décalé, dans le poétique, dans le tendre…

Oh oui : lorsque, dans un silence, une respiration ou un regard commun, je pose ma main sur une autre main, qu’elle soit délicate, frêle, pleine de bleus, ridée, chaude, froide ou moite, je vibre, reçois et offre… Tout est là !

Oui, à chaque instant, tout est possible.

J’ai le temps ! Le temps pour accueillir les larmes, la colère, la détresse autant que la joie !

Le temps pour offrir et recevoir des mots doux, pour hurler des mots tordus, pour taper des pieds, pour danser, pour bercer, pour fredonner et frissonnner,

Le temps pour offrir et recevoir un sourire comme un rayon de soleil, pour offrir et recevoir un regard comme un trésor précieux, pour entendre un souvenir comme une poésie, pour inventer ensemble des trucs ou des bidules qui défoulent, refoulent, roulent et font du bien, pour parler ou bien me taire.

Le temps pour laisser le temps être, laisser le fil du temps se tricoter entre nous, laisser les rêves se dire et s’envoler, laisser les ptits bisous et les bulles d’Amour virevolter dans cet Espace créé ensemble.

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Et puis mon Coeur déborde de Mercis pour ces instants partagés et pour les équipes qui nous accueillent si chaleureusement. Et puis vient le moment de se dire au revoir, en prenant le temps, toujours !

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Tadaboum, tadaboum fait la mélodie de mon cœur,

J’inspire, j’expire,

J’habite mes pieds,

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j’enlève le nez… Et je souris de Mercis ! »

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